Jean-Paul Gavard-Perret « MARY: La Traversée, LE SEUIL »

« La peinture de Mary conduit vers les défilés de l’inconscient mais elles ne lui donnent plus de quoi “ se défiler ” devant le péril de la traversée.
Par chaque peinture-frontière Mary fait reculer l’enlisement. Le seuil ne sera donc ni un leurre, ni une jouissance. L’œuvre poussée dans l’inconscient en fait sourdre des gerbes divergentes de sens.
Demeure aussi un écart du temps. Car forcément le temps est induit dans l’œuvre. Elle propose une étrange proximité et un éloignement. Proximité communicante – presque communiante – et sexuée (rondeur féminine des formes le plus souvent) même si on ne peut plus s’accrocher cette psychologie que la figuration induit toujours peu ou prou.
Reste des rondeurs, des mouvances : elles nous retiennent, elles nous échappent : nous sommes pris dans leur « inavouable » communauté.
Les formes et les couleurs grouillent comme en formation, en expectative. Elles restent éloignées de tout fantasme du corps si ce n’est par l’espace qui les entoure et les oppresse.
Le corps n’est pas à l’image : il est devenu langage. Ce langage est le plus souvent une matière jouissante et l’apparition d’une terre promise.
Mary en effet déchiffre le monde en empêchant l’espace – sur lequel nos corps s’appuient – de s’écrouler, de s’abîmer. Dans les méandres du dehors et du dedans, elle marque un passage essentiel. » Jean-Paul Gavard-Perret